Séries de l’été, partie II : Stranger Things

spoilers meme

Maintenant qu’on a parlé de ce qui constituait la série dramatico-criminelle de cet été 2016, The Night Of, il est temps d’aborder celle qui aura rempli la case SF : Stranger Things.

Dans une petite bourgade de l’Indiana, Will disparaît mystérieusement. Ses amis se mettent alors en quête de le retrouver quand soudain, surgit une mystérieuse fillette prénommée Eleven.

La série est créée par les Duffer brothers et diffusée sur Netflix.



Stranger Things

stranger things kids cast

C’est sans doute la série dont on a le plus entendu parler cet été, entre le nombre de ses vues qui ont côtoyé celles de Game of  Thrones (c’est dire son succès), son hommage thématique et formel qui a parcouru les 8 épisodes (comme le montre cette vidéo) et les jeunes acteurs qui ont crevé l’écran.

Mais au-delà de son lot de références tirées de ce que l’on appelle les coming of age movies des 80’s et des films de SF des années 70, qu’en penser en tant que série de 2016 ? Restait-il à Matt et Ross Duffer quelque chose à apporter à ce que ces deux décennies riches en classiques nous avaient déjà offert ?

*

La réponse est mitigée. Oui, c’est une bonne série. Malheureusement, elle arrive un peu tard et sans apporter grand-chose de neuf.

Dans une certaine mesure, l’engouement immédiat est compréhensible. Seulement, combien de temps Stranger Things restera dans les mémoires une fois la « hype » passée ? La série est un agréable petit bonbon dont on se délecte, mais dont le goût se dissipe rapidement. Pourquoi ? Parce qu’on en connaît déjà la recette ; seul l’emballage a changé. Certes, pour les non-adeptes des plus grands hits des années 80, cette virée dans le passé est sans doute fort sympathique. Pour les autres, le pitch de « la bande de gamins versus un danger/mystère/une entité maléfique qui les dépasse » sent un chouilla le réchauffé.

*

La série a bien eu quelques fulgurances, notamment formelles, mais trop peu pour passer outre les lacunes qu’on a eu tendance à omettre de beaucoup d’articles. N’hyperventile pas Gilbert, ça va bien s’passer.

  • Le sous-traitement de la disparition de Barb: et quel sous-traitement ! Une adolescente bien sous tous rapports, sérieuse et pas fêtarde pour un rond disparaît du bled où, d’après ce qu’on nous fait bien comprendre dès le premier épisode, jamais rien de grave ne se passe, et zéro affolement. Notez qu’il s’agit en plus de la deuxième disparition d’un mineur en l’espace de quelques jours dans le bled « où il ne se passe rien ». Que quelqu’un appelle Maigret, et vite ! Un sous-traitement tellement injuste aux yeux du public qu’il en a déclenché sur les réseaux sociaux un tollé (et un hashtag #JusticeForBarb) sur lequel Jimmy Fallon n’a pas manqué de rebondir.
  • « Vous avez dit invraisemblances »? : le chef pépère de la police qui se transforme soudainement en Hercule Poirot alors qu’il n’a pas eu l’occasion de s’entraîner au cours de sa carrière, voire de sa vie si l’on en croit à nouveau ses propres paroles sus-citées, c’est gros ; Eleven cachée ni vu ni connu j’t’embrouille au sous-sol chez Mike, c’est gros ; tous les agents spéciaux qui se mettent à la poursuite d’Eleven&co en plein jour sans que la ville ne s’interroge, c’est gros. Eutécé.
  • L’accumulation de clichés : même si les gosses sont chouettes dans l’ensemble, ça reste des gosses ! Alors les faire passer pour des petits génies qui te résolvent easy peasy lemon squeezy des problèmes comme trouver le moyen de faire entrer en contact Eleven avec Will dans l’upside down me paraît un poil exagéré. Côté personnages, on a un sacré panel de caricatures : la mère affolée relou, la mère control freak,  le freak du lycée, la gentille niaise intello qui se rebelle, le BG qui l’emballe, la meilleure pote moche (déso Barb), le shérif minable entouré de ses bons à rien … et je vais m’arrêter là.
  • Une certaine vacuité narrative : (je m’efforce d’être diplomate) Comme mentionné plus haut, l’histoire n’est pas vraiment neuve. Est-ce que quoi que ce soit étonne véritablement le spectateur ? Hm ? Libre à toi de me dire ce qui t’a fait écarquiller les mirettes et pousser des « queuoiiiiiii ? » de stupéfaction José. Qui plus est, tous les événements qui entourent la mince intrigue sont trop téléphonés. Exemple phare : Eleven qui arrive toujours in extremis à la rescousse dans les moments critiques. Allô Elevenexmachina ? Oui, c’est pour un sauvetage d’enfants ! Enfin, qu’on me dise à quoi sert le personnage de Matthew Modine, dont la présence est quasi fantomatique ?

Une dernière (des plus sérieuses) pour la route :

  • Les errances capillaires de Steve.
steve's hair stranger things cheveux netflix
Exemple des effets d’un.e scripte bourré.e.

Parce que passer de ça à ÇA en l’espace d’un épisode, c’est assez remarquable. Fais tourner ton après-shampoing Steve stp ! (La situation capillaire du personnage fait couler beaucoup d’encre et n’amuse pas que la Gueuse : j’en veux pour preuve les mèmes et le lien de parenté improbable qu’a tissé l’acteur Ben Schwartz entre son personnage de Parks and Rec, le chevelu Jean Ralphio, et Steve sur le plateau de James Corden).

*

Bref. Tout ça est bien dommage. Surtout quand on sait qu’une saison 2 est d’ores et déjà en production alors que la fin se suffisait à elle-même et ce, malgré ses ouvertures. Car c’est justement en s’arrêtant sur une fin aussi troublante avec cette issue tragique pour Will, ce futur incertain pour Eleven et un mystérieux accord passé entre le shérif et le gouvernement, que la série aurait pu entrer dans les mémoires. Mais toi-même tu sais, saison 2 rime avec  MONEY MONEY MONEY Or, l’originalité aurait été là : réussir à simplement faire accepter le fait que Will soit potentiellement condamné et qu’Eleven ne puisse jamais retrouver une vie normale, tout cela en dénonçant les dérives du gouvernement. Il a, après tout, été brièvement question via le personnage de la mère d’Eleven, de MK-ultra, le programme de manipulation mentale de la CIA. Mais on reste bien loin du pamphlet avec Stranger Things.

Rempiler pour une saison 2 est tout simplement symptomatique d’une époque à laquelle on préfère capitaliser sur un succès inattendu plutôt que de s’arrêter sur quelque chose de bon.

*

S’il serait un peu dur de réduire Stranger Things comme le dernier coup de bluff marketing signé Netflix, qui l’a habilement vendu comme le nouveau show nous faisant replonger dans les années 80 et embarquer dans la navette SF grâce, notamment, à ses jolies affiches au style ultra léché, on se rapproche malgré tout de la vérité : il s’agit bel et bien d’une prouesse de vente de leur part quand on sait qu’avant d’élire domicile chez Netflix, le projet avait essuyé pas moins de 15 refus de diverses chaînes, signe de son obsolescence ? Ou de la mauvaise foi de la Gueuse ? Après tout, les films de la fameuse Black list hollywoodienne comptent parmi eux de grands succès publics. Mais un succès public n’est pas toujours garant d’une œuvre de qualité. 

Et malheureusement ici, user des 9 petites lettres N-O-S-T-A-L-G-I-E n’aura pas suffi à faire de la série un programme inoubliable. S’il est toujours sympathique de se replonger dans les classiques qui le sont devenus pour de bonnes raisons, un peu d’O-R-I-G-I-N-A-L-I-T-É dans ce maelstrom de shows serait bienvenue.

*

Resteront de positifs les petits moments de camaraderie qui font chaud au cœur (la Gueuse n’est pas qu’une morue), le jeu de la mutique Millie Bobby Brown aka Eleven et l’envie de découvrir ou re-découvrir les classiques cités qui ne vieilliront jamais.

hug

Un projet bourré de bonnes intentions, mais mal exécuté, qui arrive avec quelques années de retard (ou d’avance ?) – De jeunes acteurs au top – Un duo à surveiller (les Duffer brothers) après ce premier essai qui n’a pas à pâlir même s’ils offrent une série sans grande originalité et sans réel message. La Gueuse attend la saison 2 au tournant … prête à dégommer ses futures erreurs (mode Morue activé ).



Dustin ❤

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4 réflexions sur “Séries de l’été, partie II : Stranger Things

  1. Il y a beaucoup de mes proches qui disent que cette série est mortelle ! Je ne la connais pas du tout et « Stranger Things » ne vient d’arriver à mes oreilles que tardivement. Par contre, les images de ton article me font penser au film Super 8 de J.J. Abrams je ne sais pas si tu l’as déjà vu…

    1. Ah côté esthétique (même thématique) c’est en effet complètement de la trempe de Super 8 !! Ce film de fan boy quand même 😀 Enfin bel hommage aux films des années 80. Quant à ceux qui te disent qu’elle est mortelle, j’ai aucune objection à ça haha chacun sa sensibilité face au produit 🙂 Donc tant mieux pour eux. Je veux pas renvoyer l’image d’une mauvaise série, j’ai passé un bon moment, mais juste pointer ce qui me semble loupé. Repasse quand tu l’auras vue pour me dire !

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